Navigation de deux kayaks LÉO, leurs pagayeurs et un monstre en Ria d’Étel (56)

Gérard V.17/08/2020

Les trois jours du Léo…(clin d’œil aux cinéphiles)

Nos deux Léo, Léonord et Léo’tarie, ayant décidé de se pacser, nous les avons accompagnés dans ce qu’on peut appeler leur voyage de noces, qu’ils avaient choisi de passer en Armorique.

Voici le récit de cette aventure.

Sommaire

Partis de Nantes sous un ciel radieux, nous avons été vite rattrapés par la réalité bretonne. Dès le passage de la Vilaine, il pleuvait dru…mais comme prévu, allant vers l’ouest, nous avons traversé le front pluvieux et atterri au camping Saint-Cado près d’Etel sous un ciel nettoyé, mais plutôt venté (Sud-ouest force 4). Je vous passe les détails de calcul de marée et le choix d’un parcours protégé du vent…Direction la Laïta à Quimperlé.

Jour 1 – Dis Tonton, c’est quand la renverse ?

Picnic au bord du quai à marée haute, l’eau commence à descendre.

On notera que nos kayaks ne se quittent pas et se dévorent des yeux, c’est beau l’amour !

Il est 14h, en route.

Et c’est là que ça devient intéressant.

D’abord on se dit, comme c’est écrit dans le guide, qu’on va aller peinards jusqu’au Pouldu et retour idem avec un courant qui va nous pousser comme deux gros fainéants qu’on est, et qu’on sera rentrés à 19h pour l’apéro. Eh bien, c’est pas du tout cuit !

D’abord on cherche le fameux courant porteur, genre entrée du Golfe à Port-Navalo. Il y en a bien un semblant, mais si faible que le vent debout qui nous attend au détour des méandres est le plus fort. La réponse est simple : la Laïta est comme un lavabo, elle se vide par en-dessous.

Ensuite, grosse frayeur, on rencontre un monstre…

Thon, dauphin, lotte, silure, goujon, ablette ???

Et si on se faisait happer par le même, mais vivant ?

À 16h30, c’est l’heure du goûter et la créperie de Saint-Maurice nous fait de l’oeil.

On ne fera pas les 4 derniers kilomètres jusqu’au Pouldu (sage décision, on verra pourquoi plus loin.

En arrivant, on voit que l’eau est bien descendue, ce qui confirme l’hypothèse du lavabo.

Y’a des fuites dans le lavabo…

Une heure, deux crèpes et deux bières plus tard, on se dit que vu l’heure de la basse mer, l’âge du capitaine, le vent, la lune et l’apéro qui nous attend, on va remonter pèpère, se changer et trouver un bon resto. Deux heures et demi pour descendre, donc une heure et demi pour remonter avec le courant. À 19h, on est rendus.

En arrivant aux kayaks, qu’on croyait voir flotter fièrement, tellement qu’on les avait bien amarrés, nœud de cabestan réglementaire, cruelle déception !

Le doute saisit le navigateur que je suis et qui en a vu d’autres. Comme le disait Raymond Devos « la mer est démontée, quand est-ce qu’ils la remontent ? »

On est déjà à BM+2 et ça continue à descendre !

On part faire une excursion sur la colline, très joli point de vue, avec en prime les vestiges d’un éperon barré (non daté, néolithique ou celtique ?), comme quoi on n’est pas que des muscles…

C'est trop beau, et on voit bien le banc de sable
C’est trop beau, et on voit bien le banc de sable

À 18h30, une heure plus tard, l’eau descend toujours et on se dit qu’on va mettre au moins trois heures pour rentrer. Arriver de nuit en territoire inconnu, c’est pas top. On se décide à partir.

Ça me rappelle l’Allier…

Animés d’une rage folle de ne pas rater l’apéro, nous avons dû battre le record des plus de 60 ans sur ce trajet et à 20h30 nous étions à quai et toujours à marée basse, plutôt rincés. Heureusement que le resto a bien voulu de nous…

La preuve !

Jour 2 – Dis Tonton, pourquoi y’a pas d’eau sous mon kayak ?

Quand on se lève, grand beau, vent nul. Enfin du temps à glander.

Rebelote la marée, l’âge du capitaine, etc…Direction Nostang au fond de la mer d’Etel (appréciation noble et méritée, car quand on est au milieu, on est vraiment tout petits).
Echaudés la veille, on attend que le courant soit franchement installé et il est bien là !

Nantis de tout le matériel de sécurité raisonnable (carte, compas de relèvement, VHF, fusées, coussin gonflable pour tenir la pagaie) et après avoir révisé la manœuvre de remise en route d’un kayak plein d’eau, on se sent plutôt bien armés pour partir à l’aventure.

Remontée très sympa avec beaucoup d’oiseaux (cygnes en vol, sternes, canards de toutes sortes) et quelques humains intéressés par nos bateaux (mais qui nous ont pas offert l’apéro), puis exploration au-delà du fond de la ria et picnic près d’une petite plage.

Quand ça commence à descendre, on se dit qu’il est temps de partir, avec le célèbre courant de marée dont ils parlent dans les livres. Au début, le doute s’insinue. Et si c’était comme la Laïta ?

En plus, y’a quasiment pas d’eau sous les pagaies, mais il y a beaucoup de vase! Un peu crispés, on atteint enfin le bout du chenal où se trouvent quelques bateaux au mouillage. Pour la suite, on nage dans le bonheur, gentil courant, ciel bleu…mais les météorologues me comprendront, le halo de 22° autour du soleil et la bascule du vent au SE, ça ne présage rien de bon…

Comme on est contents de nous, on va dire bonjour à Saint-Cado et boire une bière (j’étais en manque).

Pieta à Saint-Cado, bande de mécréants !

Jour 3 – Dis Tonton, c’est quand que le vent tombe et qu’il arrête de pleuvoir ?

Dans la nuit, j’entends comme un martellement sur la toile de la tente. Eh oui, il pleut.

Au matin, profitant d’une accalmie, on replie le matériel et réunion de crise. La météo annonce une quinzaine de nœuds de sud-ouest avec des rafales à 20-25. On assure, on va juste faire un tour à l’est près de la côte et pousser jusqu’à la Forest. On sera abrités.

Mais… Le départ est plutôt cool, il fait assez chaud et le vent est faible. On se paie un extra en passant sous la digue de l’île.

Mais vite fait ça se gâte et on se ramasse une ondée carabinée avec le vent qui monte d’un coup. Branle-bas de combat, la visibilité tombe. On se pose sur une plage, jupe, veste étanche, chapeau sur les oreilles, concertation, on y va, on n’y va pas ? On y va, on est des costauds !

Mais navigation en restant bien proches, point à point, vérification de notre localisation à chaque point d’arrêt avec définition de l’objectif suivant. Vent arrière ça va bien et on atteint un endroit de picnic sur la Forest, à l’abri du vent et relativement de la pluie. Ça siffle là-haut et les vagues sont bien abruptes avec de beaux moutons…Force 6 ?

Picnic à l’abri

Le retour fut éprouvant. D’abord il a fallu traverser pour rejoindre la côte, vu qu’on était sur une île. Ensuite, on a fait en sorte de gérer la sécurité en restant le plus possible abrités et en longeant au maxi la côte, mais à chaque traversée de baie et à chaque pointe, c’était une lutte pour avancer de quelques mètres.

En plus la peur qu’une vague et une rafale bien coordonnées retournent le bateau,  la pagaie qu ‘on craint de voir s’envoler…Les conditions de navigation étaient vraiment musclées ! Et la fin ne fut pas facile, faire le tour de Saint-Cado et subir le ressac de la digue qui envoyait des vagues dans tous les sens, c’était chaud, si on peut dire…

Entre temps, on était allés faire le buzz à la fontaine de l’ermite.

En rentrant le soir, j’ai vu sur le site https://www.windmorbihan.com/ qu’on a eu 25 nœuds établis (force 6 confirmé), avec des rafales jusqu’à 33,7 nœuds, soit presque force 8.
Bravo Léo !
Gérard Valentin.

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4 réflexions au sujet de “Navigation de deux kayaks LÉO, leurs pagayeurs et un monstre en Ria d’Étel (56)”

    • Moi je pencherai pour Gégé au saut du lit et non maquillé. Bravo à tous les deux pour cette nav musclée et cette découverte du laïtavabo !
      Phil

  1. Transfer du message de pierre.coq56
    Hello !
    je viens de lire vos aventures dans un plan d’eau qu’on commence à pas mal connaitre . nous avons 2 kayaks cp/epoxy que j’ai construit il y a 17 ans (sur plan Chasse-Marée) stables et assez lourds (20/21 kg équipés) et un mobil-home à Plouhinec, c’est dire que nos petites balades, ma femme et moi se passent le plus souvent en ria d’Etel ;
    Qu’on se le dise , la Ria n’est pas simple pour 3 raisons : la marée et les courants ; la présence de très nombreux parcs à huitres balisés par les ostréiculteurs mais pas toujours évidents pour les plaisanciers; et le fait que la ria n’est pas “hydrographiée” au delà du pont Lorois vers l’amont : donc PAS de carte fiable et des bancs de vase non repérés en plus des parcs : Un vrai bonheur de découverte !
    Pour notre part, on y va toujours avec prudence et en utilisant les “cartes kayak” qu’on trouve dans les coops maritimes combinées avec des cartes IGN et des photos satellites qu’on trouve sur internet .
    Pour les marées on choisit de préférence des coef pas trop forts ( pas plus que 75/80 et le plus important le décalage de marée qu’on a constaté à environ +2h30 à la Vieille chapelle en Ste-Hélène par coef de 70 .
    Forts de ces tuyaux on est remonté parfois jusque vers le moulin de demi-Ville, mais c’était chaud . Si tu es pris dans la vase molle il n’y personne pour t’en extraire !!! Je n’ai pas toutes nos notes sous la main, mais je reste à disposition si quelqu’un est intéressé …
    Pierre

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